OX

Partout où il intervient, OX décline une même obsession : la mise en question et le débordement du cadre où ses œuvres viennent s’inscrire. Parce qu’il crée à même la ville depuis près de quarante ans, on le campe volontiers en pionnier de l’art urbain. Mais il est plus spécifiquement en quête d’un jeu avec le contexte, et mobilise à cette fin une grande diversité de formes et de registres.

Il y a bien sûr les affichages sauvages : depuis sa participation à l’aventure foutraque et spontanée des Frères Ripoulin entre 1984 et 1987, OX a investi un très grand nombre de panneaux 4 x 3. Selon un protocole allant du repérage sur site à l’élaboration dans l’atelier d’une affiche peinte à la main, il s’attache à prolonger à l’intérieur du cadre publicitaire un hors-cadre rythmé par l’architecture, la végétation, le mobilier urbain, les infrastructures, les flux et les réseaux. Collées in situ, ses affiches charrient toutes sortes de références visuelles. Abstraction, figuration, publicité ou signalétique y sont maniées et réinterprétées au service d’une confrontation avec l’espace alentour, entre intégration et perturbation. Un dernier cadrage vient ensuite révéler les décalages, jeux d’échos, mises en abyme et contrepoints orchestrés par l’artiste : la photographie de l’intervention. Celle-ci est à la fois une archive et une déréalisation de la scène, soudain expurgée de la banalité du contexte urbain (passants, voitures, pubs…). En appariant la peinture à sa saisie sous forme de cliché, les œuvres de OX renouvellent ainsi le genre du paysage et nouent un dialogue fécond entre site et non-site.

La négociation de l’artiste avec le cadre se joue aussi dans ses travaux d’atelier. Depuis les années 1990, OX prend à revers la toile, médium roi de la peinture. Il en renégocie les constituants et matériaux essentiels pour tendre, selon ses termes, vers une « peinture décorative » qui puise aussi bien dans les courants artistiques de la seconde moitié du vingtième siècle que dans les cultures de masse et l’imagerie commerciale. Au gré d’opérations diverses (sélection, soustraction, déconstruction, assemblage…), ses œuvres défont la planéité de la toile et l’inclinent vers la sculpture et l’installation. La peinture devient objet, environnement.  

Cette réflexivité n’est jamais exempte d’humour. Elle affirme de manière facétieuse et presque enfantine le primat du fait main et la liberté de déborder toutes les limites. A commencer par celles qui confinent l’art dans le bon goût et l’esprit de sérieux. 

OX Paris 2014